Mais que sont les Bretons du Nord
1. Une société d'entraide
Il y a 100 ans, en 1925, que se passe-t-il en Bretagne ? L’année commence avec la grève des sardinières de Douarnenez, l’Aulne en crue provoque de nombreux dégâts à Châteaulin et Port-Launay, Louison Bobet naît à Saint-Méen-le-Grand, Théodore Botrel décède à Pont-Aven, Jean Hénaff (créateur du pâté Hénaff) est élu maire de Pouldreuzic, le ministre de l’éducation Anatole de Monzie déclare : « Pour l’unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître. »…
Cette même année à Lille est créée « l’association amicale des Bretons de la région du Nord et du Pas-de-Calais ».
À l’origine, il s’agit d’une association d’entraide entre Bretons. L’article 3 des statuts de l’époque est d’ailleurs sans ambiguïté sur la nécessaire origine bretonne de ses membres :
L’association comprend :
1. des membres actifs, personnes nées de parents bretons ou d’ascendance bretonne reconnue, les dames et jeunes filles bretonnes sont admises.Tout membre actif doit justifier de sa profession ou son état dans le Nord et déclarer son lieu de naissance en Bretagne ;
2. des membres honoraires, qui sont ou peuvent être :
a) époux de bretonnes, le titre de membre actif leur est conféré de droit.
b) des personnalités de toutes régions françaises s’intéressant à la vie bretonne et dévouées à l’Association.
L’Association a pour objet de créer entre ses membres des relations d’amitié et de mutuel dévouement.
Il faut dire que l’émigration bretonne vers le nord de la France a toujours été forte. En plus de ceux qui partaient s’y établir, il y eut aussi beaucoup de migrations saisonnières, surtout dans l’agriculture.
Les migrations (saisonnières ou non) depuis la Bretagne ont duré de la fin du XIXe siècle jusque dans les années 1970. On connaît beaucoup d’endroits hors de Bretagne où la présence bretonne est encore très forte actuellement : Trélazé (à cause des ardoisières les Bretons représentent jusqu’à 50 % de la population de Trélazé en 1908), le quartier Montparnasse à Paris, Le Havre (troisième ville bretonne après Paris et New-York), etc.
Pour le Nord, bien qu’il ne s’agisse pas de la migration la plus importante, elle a été significative, en particulier dans la culture de la betterave sucrière, même si elle était bien moins importante que les migrations belge ou italienne. Elle était institutionnalisée et bien organisée.
Vers la fin du XXe siècle, l’origine des migrants saisonniers évolua beaucoup. On rencontrait dans les années 1990 à Lille beaucoup d’étudiants bretons venus chercher des formations qui n’existaient pas encore en Bretagne. J’ai moi-même enseigné dans des formations en Bac+5 qui comptaient jusque 50 % d’étudiants d’origine bretonne.
À mesure que se développaient les universités bretonnes, ces flux se tarirent également.
En parallèle des migrations saisonnières, les « émigrations » définitives ont continué. On a vu de nombreux bretons s’installer dans les Hauts-de-France, même si pour beaucoup, le définitif s’arrête souvent à la retraite qui les voit retourner vers la Bretagne.
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Il y a cent ans...
... naissait notre association.Après 1918, l’exode de main d’œuvre de Bretagne est important,...